L'Histoire de l'AFP

 

Le sommaire

- Au commencement : l'Agence Havas

- L'avènement du télégraphe

- L'âge d'or du Second Empire et de la IIIe République (1852-1940)

- La prise de l'immeuble d'Havas en 1944 (récit de Basile Tesselin)

- D'Havas à l'AFP au service de l'information

- Les Dirigeants de l'AFP

- Souvenirs souvenirs ..... de  « LA VIE de la maison » à « l’Agence - Le Magazine » avec la  reprise d’articles de ces revues parues épisodiquement à l'AFP des années 1980  aux années 2003 laissant paraitre avec le temps passé, la grande métamorphose de l’Agence.  

-  Liens extérieurs, articles complémentaires et livres sur l'AFP

 

NB: Tout en restant dans le contexte des documents présentés, certaines photos d’archives ne correspondent pas obligatoirement aux périodes évoquées mais gardent toutefois toutes leurs importances dans le passé de l'Agence Havas comme de L'Agence France Presse.

Au commencement : l'Agence Havas

La plus ancienne des agences mondiales de presse a véritablement vu le jour en 1835, dans une modeste officine de traduction de journaux étrangers établie à Paris au début des années 30 par un ex-banquier d'origine normande, Charles-Louis HAVAS (1783-1858).

L'inventeur de cette agence - aujourd'hui l'AFP - était plongé dans les pires déboires d'argent à l'époque où, la cinquantaine passée, il conçoit son singulier projet : fournir à la presse - française puis étrangère - des informations sur ce qui se passe dans le monde.
Charles-Louis HAVAS débute petitement. Logé en face de l'Hôtel des Postes où il va, tous les matins, chercher les journaux étrangers, il traduit, avec l'aide de sa femme, les informations qui y sont contenues. Lui, de l'anglais et de l'allemand, elle, de l'espagnol et du portugais. En 1832, il fait un voyage à travers l'Europe et y recrute des correspondants. Depuis l'avènement du roi Louis-Philippe (1830), la presse a acquis un peu de liberté et les tirages augmentent.

En 1835, HAVAS s'adjoint des collaborateurs et fonde "L'Agence des Feuilles Politiques - Correspondance Générale". C'est le début officiel de la première agence de presse au monde. L'ex-banquier parvient bientôt à monopoliser la collecte et la distribution des nouvelles de l'étranger, devenant une sorte de journal des journaux. Honoré de Balzac, journaliste à ses heures, raconte dans l'un de ses écrits, dès 1840, le succès grandissant de cette entreprise, dont il condamne avec aigreur son peu d'inclinaison pour les éditoriaux et sa préférence marquée pour l'information factuelle.

Mais, n'est-ce-pas, rétrospectivement, un éclatant bien qu'involontaire hommage que l'auteur de la "Comédie Humaine" adresse à Charles-Louis HAVAS lorsqu'il lui fait grief de "vénérer le Fait" plus que "les Principes" et de "servir toutes les administrations avec une égale fidélité" ? Car l'agence HAVAS sert aussi bien le pouvoir, à Paris et en province, que les journaux, gouvernementaux et d'opposition, la presse étrangère et les particuliers.

 

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L'avènement du télégraphe

Les moyens de transmission deviennent très vite l'une des clés de cette réussite. Le télégraphe optique existe déjà, mais le cheval reste le mode de transport le plus courant. HAVAS gagne du temps en mettant sur pied un courrier par pigeons voyageurs entre Paris et Boulogne, par où transitent les nouvelles de Bruxelles et de Londres : quatre heures, au lieu des quatorze que prend le cheval. A partir de 1845, l'agence utilise le télégraphe électrique, invention qui sera à l'origine de son extraordinaire essor.

 
Mais dès le début des années 1850, l'agence française fait école ; des rivaux apparaissent. Paul Julius REUTER, fils d'un rabbin de Cassel (Allemagne), travaille d'abord chez HAVAS, avant de créer une agence concurrente à Londres, en 1851, l'année où les capitales britannique et française sont reliées par le télégraphe. Un autre allemand, Bernard WOLFF, fonde dès 1849 une agence télégraphique à Berlin. Les agences de presse - dont l'expansion rapide est la conséquence directe de l'apparition du télégraphe - sont le mieux et le plus rapidement informées de ce qui se passe dans le monde. Elles deviennent puissantes et se font respecter des gouvernements, tandis que les tirages des quotidiens - leur clientèle - ne cessent de monter. Exemple : celui du Petit Journal de Paris qui, en 1869, frôlera le chiffre, exorbitant pour l'époque, de 600.000 exemplaires.
 

La publicité connaît un essor analogue et HAVAS en profite pour proposer à ses abonnés de prendre en régie leurs colonnes d'annonces. A partir de 1857, le tandem information-publicité est solidement établi par les fils et héritiers de HAVAS, Charles-Guillaume et Auguste. Ce sera la base de l'immense prospérité de cette agence pendant toute la seconde moitié du XIXème siècle et le premier tiers du XXème.
Pendant ce temps, les progrès de la télégraphie se poursuivent. La guerre de Crimée (1854-56) voit le réseau européen s'étendre jusqu'à Saint-Petersbourg et au Bosphore. Les dépêches des envoyés spéciaux, celles du correspondant du Times de Londres, notamment, font date : elles parviennent dans les capitales occidentales avant que les gouvernements n'aient été informés par les voies officielles des événements - et des bévues militaires - qui y sont relatés. En 1866, le câble transatlantique reliant l'ancien et le nouveau continents devient opérationnel. L'information acquiert alors une dimension inédite, l'instantanéité. L'année d'avant encore, la nouvelle de l'assassinat du président Lincoln, le 15 avril 1865, avait mis onze jours pour atteindre Paris.
 

Pour consolider leurs positions et barrer la route à d'éventuels nouveaux venus, les trois agences européennes ne tardent pas à mettre leurs réseaux télégraphiques en commun et à se partager le monde de l'information en zones d'influences : HAVAS exploitera l'Europe méridionale, les possessions françaises d'outre-mer et, à partir de 1876, l'Amérique Latine ; WOLFF, le centre, l'est et le nord de l'Europe ; REUTER, l'Empire britannique et l'Extrême-Orient. Une quatrième agence, l'américaine ASSOCIATED PRESS, née en 1848, sera souveraine en Amérique du Nord.
 

Ce cartel des grandes agences durera jusqu'au seuil de la première guerre mondiale, assurant à chacun de ses membres, et notamment à HAVAS, un bon demi-siècle de coudées franches avec, en toile de fond, la révolution industrielle et l'expansion coloniale.

 

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L'âge d'or d'Havas du Second Empire et de la IIIe République (1852-1940)

L'agence HAVAS connaît sous le Second Empire (1852-70), puis sous la plus grande partie de la 3ème République, son âge d'or. Entreprise privée, elle cesse cependant dès 1879, d'être une affaire familiale car aucun des deux fils HAVAS n'a de descendant. Son nouveau statut est celui d'une société anonyme au capital réparti en 17.000 actions. Deux jeunes hommes - tous deux normands comme le fondateur - se succèdent à la tête de l'agence : Edouard LEBAY à l'âge de 29 ans, de 1879 à 1899, et Henri HOUSSAYE à 47 ans, de 1900 à 1912.
 

Un certain nombre d'inventions de cette fin du XIXème siècle ( téléscripteur, téléphone, radio ) permettent d'accélérer le débit et d'augmenter le volume des informations, au prix d'importants investissements en hommes et en matériel. Au risque, aussi, de voir surgir de nouveaux concurrents puisque le téléphone, et plus encore les ondes radio, leur donneront la possibilité de contourner le monopole télégraphique des grandes agences.
Les bulletins d'informations générales d'HAVAS, imprimés sur de grandes "feuilles télégraphiques", sont distribués à une cadence qui atteindra, après 1918, onze par jour, soit environ 40.000 mots. En 1975, le nombre de mots débités quotidiennement sur le fil français ( informations générales et sport ) de l'agence sera de 100.000. Quant au total fourni par l'ensemble de ses services, il dépassera les 600.000 mots.
L'avènement du téléscripteur va permettre de s'affranchir des contraintes archaïques du système Morse, dont l'alphabet - fait de traits et de points - n'est pas accessible à n'importe qui. Vers 1895, l'agence HAVAS installe dans nombre de cafés et de banques à Paris des "tickers" ou "printings" mis au point par ses propres services techniques, pour la diffusion des nouvelles hippiques et financières.
Mais l'information politique mettra du temps à leur emboîter le pas. Certains journaux parisiens ne se convertiront au téléscripteur qu'au début des années 1920. La livraison des dépêches aux abonnés sera ainsi, pendant longtemps, l'apanage des cyclistes-porteurs.
En 1879, la rédaction centrale de l'agence HAVAS compte 180 personnes. En 1914, elle en emploiera 350, plus quelque 400 correspondants et pigistes en province et entre 125 et 150 à l'étranger.

Mais la "grande guerre" et les nationalismes exacerbés qui l'ont amenée annoncent déjà la fin des alliances entre grandes agences et le déclin de leurs système d'échanges d'informations, car chacune d'elles apparaît - qu'elle le veuille ou non - liée à la stratégie géo-politique du pays où elle a son siège. La censure et le blocus de l'information, qui avaient largement épargné le demi-siècle qui vient de s'écouler, s'installent en force, mettant l'agence HAVAS en difficulté dans les pays neutres, notamment en Amérique Latine, où ses concurrentes américaines la supplantent.
La 2ème guerre mondiale produira des effets analogues et il faudra de longues années - à HAVAS après 1918 et à l'AFP, son héritière, après 1944 - pour reconquérir le terrain perdu.

Dans l'entre-deux guerres, HAVAS, devenue holding, voit sa branche publicité prendre amplement le pas sur sa branche information. Le lourd climat politique, la récession et la crise des institutions qui caractérisent les années 30 compliquent la tâche des journalistes d'HAVAS, d'autant que les rangs de la concurrence sont de plus en plus fournis et que la propagande fait la vie dure à l'impartialité. L'URSS de 1917 crée l'agence TASS, l'Allemagne hitlérienne de 1933 transforme et rebaptise l'ancienne Wolff-Continental. Aux Etats-Unis, une nouvelle agence, l'UNITED PRESS, a vu le jour en 1907.

Désormais, les agences mondiales sont concurrentes.
La branche information de HAVAS, devenue déficitaire, doit recourir à des subventions de l'Etat et perd une partie de son indépendance. Elle continue de se moderniser, mais la diversité des intérêts financiers du holding lui vaut une mauvaise presse et l'inimitié des partis politiques de gauche. C'est une puissance d'argent, que l'on envisage tantôt de nationaliser, tantôt de démembrer.
Ironie de l'Histoire, l'invasion de la France par l'Allemagne nazie accomplira l'un et l'autre, dès 1940.

 

 

                                                  

 

            

 

De la transmission Photo analogique des bélinographes à ses début de la transmission numérique avec les "Dixels" (conception AFP/ Hasselblad)

 

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La prise de l'immeuble d'Havas en 1944 (récit de Basile Tesselin)

C'est le 19 août 1944, dès 5 heures du matin. Paris tout entier se révolte contre l'occupant.

A travers les failles du volet de notre domicile nous voyons une horde de Français dépenaillés, hagards, bras levés et mains croisées sur la tête. Ils sont là une centaine. Six soldats allemands, le visage crispé, le doigt sur la détente des fusils les mènent comme un troupeau. Vers où ?
L'angoisse au cœur, nous regardons passer ce troupeau de civils pris au piège qui n'ont pour les défendre ni les armes perdues, ni les articles de la Convention de Genève. Les produits d'une nouvelle récolte allemande, une nouvelle moisson humaine.
Par les interstices des volets fermés, on aperçoit tantôt une bouche ensanglantée, tantôt une joue où roulent des larmes, tantôt un regard fixe, hébété, vide. Leurs pas résonnent dans le silence des murs nus. La rue est absolument déserte, la plupart des volets sont clos.
C'est la peur.
- «Surtout n'ouvre pas. Ils croiraient à un attentat, ils seraient capables de tirer... ou de monter les étages et de nous fusiller.»...

(vers 1950 La salle de rédaction)

Il est 16 heures. Hier soir, un coup de téléphone nous a prévenus que l'ordre de soulèvement avait été donné pour ce matin. Nous en attendons un deuxième qui doit nous transmettre les instructions pour notre propre action. Nous ne bougeons pas de cet appartement de Neuilly que nous a prêté une sœur de Max Olivier, espérant et redoutant à la fois cette sonnerie qui doit retentir à tout moment. Comme un jury porteur de verdict que l'on attend dans la salle du tribunal pendant que, des heures durant, il délibère sur votre sort.
La radio s'est fait entendre dans la matinée, puis une demi-heure vers midi. Pendant qu'il y avait du courant électrique. Radio-Paris. Une voix étranglée qui a annoncé que des «incidents s'étaient produits dans certains quartiers de la capitale, quelques énergumènes cherchant à s'emparer des mairies d'arrondissement pour y hisser le drapeau tricolore. Mais l'ordre avait été partout rétabli».
 

A midi, Radio-Paris finit par avouer que la Préfecture de Police et l'Hôtel de Ville sont occupés par des insurgés et sont attaqués par des chars allemands.
La tension est telle que nous en oublions de manger. De toute façon, il ne nous reste presque plus rien. Quelques œufs conservés dans un lait de chaux -butin d'une expédition à vélo en Touraine au début de juillet - et un paquet de nouilles acheté à prix d'or à la concierge. Beurre, néant. Un bout de fromage maigre, une douzaine de morceaux de sucre. Mais dans Paris qui attend sa libération, la vie est dure pour tout le monde, les garde-manger sont partout vides, et les poches.
Survivre. Durer. Problème individuel, problème quotidien que l'on résout au jour le jour, à coups de ruses, à la force du jarret ou du poignet, ou parce que quelqu'un, quelque part, découvre brusquement qu'il a un cœur et le sens, sinon de l'Histoire, du moins de la solidarité humaine. Il arrive même que ce soit un Allemand.
 

Mais il y a l'autre problème, celui que pose cette exigence de donner une signification à sa vie, de participer à une œuvre, de bâtir une cathédrale, même si l'on n'y pose qu'une seule pierre. Celui-là, pour le résoudre, il faut autre chose que la débrouillardise de l'illégalité ou le baume du Samaritain. Il y faut une vision de départ, une volonté constante, sans failles, sans retours en arrière, et l'amitié essentielle du groupe.
Ce coup de téléphone que nous attendons, c'est le premier coup de pelle des fondations. C'est aussi le coup d'épaule qui vous précipite du rêve dans la réalité et qui vous fait trembler des pieds à la tête.
Il sonne à 17h 35. C'est Jean Lagrange.
- «Alors voilà. C'est pour demain, vieux frère. Rendez-vous devant l'immeuble, à 7 heures du matin.»
- «Bon !».
Le lendemain, c'est dimanche. Tôt le matin, il y aura très peu de gens en place. Si peu nombreux que nous soyons nous-mêmes, nous n'aurons sans doute pas de mal à nous emparer des lieux. Et une fois à l'intérieur...
- «Dis-moi, Jean. Les types qui se sont fait arrêter aujourd'hui, tu crois qu'ils vont être fusillés ?»
- «Peut-être pas. Il paraît qu'il y a pas mal de prisonniers allemands dans les caves de la Préfecture...»
Des otages, déjà, en somme. Tant mieux. Car il y a deux jours à peine, on a découvert en plein Bois de Boulogne les cadavres de trente civils exécutés. Le bruit court d'ailleurs que les assassins, cette fois, ne sont pas les Allemands, mais des miliciens français.
- «Bon, à demain !».
13, Place de la Bourse, 7 heures du matin, le dimanche 20 août 1944. De Neuilly j'y suis arrivé à vélo, sans encombre ni incident. J'ai évité les Champs-Elysées, la Concorde et la rue de Rivoli, ces citadelles allemandes. Je suis passé par Levallois, la porte Champerret et ai gagné, par les petites rues, Richelieu-Drouot et la rue Vivienne.
Il fait un temps radieux, et jamais sans doute Paris n'aura été aussi beau. Les filles portent des jupes larges qui, sur les vélos, se déploient comme une écharpe, comme un appel à la vie, à la renaissance, à l'amour. Et les arbres ! Que de sève, que de branches neuves, que de feuilles luisantes !

L'immeuble du 13 /15 place de la Bourse                 

Et sur tout cela, comme pour le rendre encore plus précieux, un sentiment d'éphémère et de périssable, chaque pierre, chaque monument chargés d'histoire et de lumière, les voûtes et les colonnes, les jardins et les ponts, les filles à bicyclette et les hommes en bras de chemise, tout cela, mes frères en la souffrance et en l'espoir, moi-même... tout cela n'a peut-être plus que quelques instants à vivre.           

         

Le Palais du Luxembourg, le Panthéon, la Chambre des Députés, l'Opéra, le Louvre, tous les ponts sur la Seine, tout est miné et peut sauter sur un ordre du général von Choltitz qui commande les troupes allemandes restées à Paris.
Boire cette beauté, s'en imprégner, mourir avec elle et Jamais ne l'oublier !
J'arrive place de la Bourse les mains crispées sur le guidon, mais les jambes légères et le cœur plein d'une musique dont j'ignore les notes et les accords, mais qui sonne en moi la plus belle symphonie que j'aie jamais entendue.
Le vieil immeuble de l'Agence Havas se dresse en face de moi avec ses trois marches de pierre, sa porte vitrée serrée contre une cage d'ascenseur et un escalier qui part sur la gauche. Dehors, ils sont déjà quatre : Martial Bourgeon, le plus vieux, qui a bien 35 ans, Claude Roussel, le plus jeune, qui n'en a pas 25, Gilles Martinet, Pierre Courtade.
Puis, arrivent de directions différentes, mais tous à bicyclette, Jean Lagrange, Max Olivier, Vincent Latève.
Chacun raconte sa randonnée. Quelques-uns d'entre eux ont eu à traverser un pont et ont contourné ceux de la Cité. La Préfecture de Police est occupée par les agents eux-mêmes, armés tant bien que mal, et un char allemand est à l'arrêt sur le quai de la rive gauche. Un détachement allemand s'est installé place Saint-Michel et la fontaine est transformée en nid de mitrailleuses.
 

Mais, en fait, tout est calme. Personne ne tire. La rue du 4 Septembre au bout de laquelle, vers l'Opéra, se trouve un Q.G. ennemi, est vide. Notre minuscule attroupement ne doit pas attirer l'attention, car devant l'immeuble de l'Agence, il est fréquent d'en voir un, constitué par des cyclistes porteurs de dépêches.
Nous attendons du renfort armé, car aucun de nous n'a le moindre revolver.
Deux gardiens de la paix finissent par nous rejoindre, envoyés par le Comité Parisien de Libération.
                 (vers 1950 La salle des transmissions "Telex")

 

Enfin, la porte vitrée s'ouvre, et Duchenois nous fait signe d'entrer. C'est le seul qui ne fasse pas partie de notre réseau de Résistance. Bien au contraire, ancien rédacteur de l'Agence Havas, comme beaucoup d'entre nous, il n'a cessé de travailler sur place au centre même de cette Agence devenue, sous la éoupe allemande, l'Agence Française d'Informations de Presse. Il nous fallait quelqu'un sur place qui, de l'intérieur, nous prévienne que la voie est libre et que nous pouvons passer à l'action. Deux mois auparavant, j'avais été chargé de prendre contact avec un ancien collègue, devenu collaborateur notoire et rédacteur en chef de l'AFIP. Je lui avais fait miroiter la possibilité du pardon s'il consentait à nous aider le moment venu. Il avait refusé, déclarant avec hauteur «qu'il n'avait de leçons de patriotisme à recevoir de personne et que sa conscience était claire. Il fit plus tard six mois de prison et devint représentant en quincaillerie.»
Nous nous étions rabattus sur Duchenois, un des adjoints de la Rédaction en chef, trop content, lui, de l'aubaine. Et si nous n'avions pas occupé les locaux de l'Agence la veille, comme l'avaient fait les autres groupes de résistance des objectifs qui leur avaient été assignés, c'est sans doute parce que le dimanche matin ces locaux étaient dépeuplés, mais aussi et surtout parce que Duchenois lui était de service.
 

Tout cela avait été décidé un mois auparavant, la stratégie, la tactique et surtout l'objectif. Il s'agissait pour nous de recréer une grande Agence de Presse Française capable de faire entendre sa voix aux quatre coins du monde. L'héritière de l'Agence Havas à laquelle beaucoup d'entre nous avaient appartenu, et qui s'était effondrée, comme tout ce qui était français, après l'armistice de 40.
Mais Havas était une entreprise privée, qui avait comporté une branche information et une branche publicité. Les capitalistes qui géraient l'affaire s'étaient lassés de voir que l'information faisait perdre une bonne partie de l'argent que rapportait la publicité. D'où la séparation, en 1935, des deux activités et, par la force des choses, l'ingérence de l'Etat, moyennant une subvention, dans la branche information.
Nous ne voulions ni de l'un ni de l'autre de ces deux inconvénients : celui de la gestion privée, forcément capricieuse et trop attachée au seul intérêt financier, celui de l'ingérence étatique, c'est-à-dire gouvernementale, moins préoccupée de l'intérêt de la France que de celui du parti au pouvoir. Nous voulions être totalement indépendants, uniquement attachés à servir le pays et la vérité.
Comment financer une telle entreprise ? Aucun de nous n'en avait la moindre idée.
L'homme qui pouvait en avoir dans ce domaine, Léon Rollin, ancien chef des services étrangers de l'Agence Havas, avait été arrêté par la Gestapo au mois de juillet. Cette arrestation nous privait d'un chef naturel, bien que de deuxième choix. Le premier incontestable, était Maurice Nègre. Il avait été arrêté, lui, en avril, et notre réseau, tant bien que mal, s'était reconstitué en fusionnant avec celui de l'Ecole Normale Supérieure pour former l'A.I.D-, Agence d'Information et de Documentation, dont les activités comparées à celles de SuperNap de Maurice Nègre étaient limitées.
A défaut de Nègre, puis de Rollin, nous avions nous-mêmes choisi, pour diriger l'Agence lorsqu'elle fonctionnerait au grand jour, l'aîné du groupe, Martial Bourgeon, un homme tout rond, détendu, facile, qui avait au surplus le mérite d'être en excellents termes personnels avec Jean Guignebert, le délégué à l'information dans l'équipe de Parodi.  

Cyclistes de Presse devant le local des cycliste de l'AFP           

Guignebert faisait, lui aussi, suite à un prédécesseur disparu dans l'hécatombe du mois de juillet, Pierre-Henri Teitgen dit «Tristan », }\ï\ avait été arrêté par la Gestapo quelques jours après Rollin.
Teitgen était le titulaire, Guignebert le remplaçant. Il devait railleurs s'évader du camp de Compiègne et regagner la capitale dix 3urs environ après la libération de celle-ci, pour reprendre sa place, tandis que Guignebert devenait Directeur de la Radio. En attendant, Guignebert, Bourgeon et deux ou trois autres se réunissaient assez souvent dans l'arrière-salle des Caves Murat, rue d'Antin, où ils retrouvaient des amis de «L'Œuvre «et du «Canard Enchaîné ». Ils y côtoyaient aussi l'équipe qui préparait la naissance de «Défense de la France », le futur «France-Soir ». Dans cette salle étroite aux murs entièrement garnis de bouteilles, on mettait au point des projets d'avenir, on évoquait des souvenirs. Le tout, pour ainsi dire sous la protection de la gendarmerie allemande, dont trois ou quatre gradés venaient presque tous les soirs se rafraîchir là et oublier, dans les godets de Juliénas ou de Pouilly, la tournure tragique que prenaient pour eux les événements. Ces sous-offs de la Feld-Gendarmerie avaient l'avantage de faire écran, et d'écarter, par leur seule présence dans l'avant-salle, les suspicions des agents de la Gestapo. Il n'empêche que le dernier jour, le 24 août, un sergent, marchand de tissus à Hambourg, qui parlait un peu le français, confia aux clients de l'arrière-boutique qu'il n'avait jamais été dupe, et savait depuis plusieurs semaines quelles activités recouvrait la bonhomie apparente de leurs réunions.
D'autres séances préparatoires se tenaient place du Théâtre Français, dans l'appartement du grand dessinateur Henri Monier, le vieux collègue de Bourgeon au «Canard Enchaîné ». Deux autres étrangers étaient présents là aussi. Mais c'était cette fois deux aviateurs anglais, recueillis par Monier, et qui brûlaient d'impatience de prendre l'air, si l'on peut dire, dans Paris.
C'est Martial qui avait donné l'ordre d'occuper l'immeuble de la place de la Bourse, après consultation avec Guignebert. Un ordre semblable avait été transmis par Pierre Hervé, au nom du Conseil National de la Résistance, à son jeune condisciple de l'Ecole Normale Supérieure, Claude Roussel. Chez nous du moins, la rivalité entre les deux Résistances ne se faisait nullement sentir. Guignebert était gaulliste, Hervé communiste. L'un et l'autre, à vrai dire, étaient aussi des gens raisonnables, les véritables excités se trouvant au Comité Parisien de Libération, dominé par Tollet, son président, et le Colonel Rol-Tanguy, tous deux membres du P.C. - Pour ceux-là, l'insurrection d'une population qui manque des armes les plus élémentaires (les plus lourdes étaient quelques mitrailleuses, les plus répandues des revolvers) doit être déclenchée quels qu'en soient les risques : massacre, destruction de la ville.
Nous ne savons pas, nous, à notre niveau, que par-dessus la tête de ces combattants aux arrière-pensées purement politiques, des négociations véritables ont lieu entre von Choltitz, le C.N.R. et la délégation gaulliste, par l'intermédiaire du consul général de Suède à Paris, Raoul Nordiing. Ce dernier, la veille, a obtenu que les prisonniers civils arrêtés par les détachements de la Wehrmacht dans certains des édifices publics dont ils s'étaient emparés, ne soient pas fusillés.
 

Ce que nous savons, c'est que nous devons remettre l'Agence en marche le plus rapidement possible, et fournir à la presse clandestine qui s'apprête à sortir au grand jour, les nouvelles dont elle a déjà besoin.
En groupe compact, nous montons l'escalier familier que nous avions descendu pour la dernière fois le jour de notre mobilisation en septembre 1939. Presque cinq ans déjà ! Cinq années perdues ! Un an de drôle de guerre, deux ans et demi de captivité en Allemagne, l'évasion, les parents que l'on revoit, et puis la clandestinité, l'illégalité, la peur, et l'espoir tout à coup qui renaît. Non ! ces années-là n'ont pas été perdues : elles comportent trop d'émotions vraies, trop de violence interne, trop de désirs de comprendre et de savoir, brusquement assouvis, pour être simplement passées par profits et pertes. La lave des volcans fertilise le sol. Mais à quel prix !
Au premier étage, à gauche s'ouvre la porte qui donne sur les bureaux de la direction. Au milieu d'un couloir, une lourde porte en fer forgé barre la route vers le sanctuaire du directeur général et ses collaborateurs immédiats. Qui en a la clé?
Probablement l'huissier, absent puisque c'est dimanche. Mais n'y a-t-il pas une autre clé, quelque part, pour permettre aux femmes de ménage de faire leur travail ?
Duchenois pense qu'elle doit se trouver dans le bureau du personnel, fermé aujourd'hui. Mais il descend vers la loge où s'effectue le tri des dépêches qui doivent être portées aux journaux : les clés sont là tout simplement ; que Martial empoche.
Puis nous montons tous au second, l'étage de la rédaction et des bureaux des différents services. Une dizaine de visages se lèvent vers nous, le regard blanc, la bouche entrouverte. Duchenois nous a prévenus que tout ce troupeau de petits rédacteurs ou copistes est complètement inoffensif, sauf un, dont on croit qu'il est de la milice.
Les deux agents de police l'arrêtent dans les règles et sans qu'il offre la moindre résistance. C'est d'ailleurs plus une précaution qu'une vengeance : il ne faudrait pas qu'un délateur quelconque aille avertir les Allemands ou la Milice que l'Agence est tombée aux mains des F.F.I.
Tous les autres sont mal à l'aise. Alors Martial sort des rangs et d'une voix douce s'adresse à eux :
- «Vous connaissez tous M. Duchenois. Il vous expliquera qui nous sommes. Désormais vous travaillerez pour la France au lieu de travailler pour les Allemands. Votre nouveau Rédacteur en Chef est M. Gilles Martinet, M. Pierre Courtade est son adjoint et M. Duchenois demeure dans son ancienne fonction. A présent remettez-vous à vos tâches respectives.»
Martinet et Courtade vont occuper le minuscule bureau du rédacteur en Chef, encore coupé en deux par une mince cloison et où avait siégé pendant des années Louis Perrin que la milice française et la Gestapo avaient envoyé en Allemagne où personne ne le revit plus.
Les autres s'égaillent dans les bureaux répartis le long d'un couloir étroit qui n'a visiblement pas été repeint depuis le début de la guerre : Max Olivier au reportage, Jean Lagrange au service étranger, Vincent Latève aux écoutes. Claude Roussel est le seul pour qui tout cela est nouveau : il sort à peine de son école de la rue d'Ulm. Son tour d'exploration accompli, il redescend au premier et va aider Bourgeon dans ses tâches directoriales.
Bourgeon est aussi aidé par Monette Pioch, qui avait participé à nos efforts de résistants et qui devait devenir mon épouse.
Quant à moi, je regagnai le service politique.
La première tâche pour nous tous est de s'assurer du téléphone.
Martinet va inspecter le standard, auprès duquel il trouve une ancienne téléphoniste d'Havas en qui nous pouvons avoir confiance. La consigne est simple : passer toutes les communications dans les services demandés. Toutes les autres de caractère plus ou moins général, à la rédaction en chef, aucune communication à l'extérieur n'est autorisée si elle n'est demandée par l'un d'entre nous.
Mais il y a dans cet immeuble vétusté, compliqué, dont les étages sont quelquefois reliés par un escalier en colimaçon, maint recoin oublié, mainte pièce inconnue où apparaît soudain un téléphone relié à une ligne directe. S'il y a un traître, il n'aura aucune peine à alerter l'ennemi.
A vrai dire, aucun de nous n'y pense vraiment. Trop de choses à faire, trop d'autres à prévoir. Le téléphone marche sans arrêt. Nous apprenons que nos collègues des journaux clandestins ont eux aussi occupé les immeubles des quotidiens de la collaboration. Il n'est pas impossible que certains d'entre eux puissent faire paraître les nouvelles feuilles dès le lendemain. A cor et à cri, ils réclament des informations, de la copie, de quoi remplir une page ou deux des quatre qu'ils comptent publier.
Alors, au travail ! II nous paraît certain que ce qui doit le plus intéresser la population parisienne, c'est ce qui se passe à Paris même ; c'est aussi de savoir où en sont les Alliés et en particulier la Division Leclerc.

Bien sûr, les Parisiens ne sont pas totalement coupés du monde extérieur, puisque beaucoup d'entre eux, quelles que soient les interdictions, parviennent normalement à écouter la BBC et le bulletin des «Français parlent aux Français.»
 

Mais, depuis près d'une semaine déjà, les fréquentes coupures d'électricité empêchent toute audition, car le transistor est encore à inventer.
Or, à l'Agence, des groupes électrogènes fournissent suffisamment de courant pour allumer les lampes des récepteurs de radio. Jean Lagrange et Vincent Latève sont déjà à l'écoute réglée par un technicien surexcité qui manipule les boutons avec une adresse d'acrobate. Il faut trouver les émissions en morse des Agences alliées, il faut trouver Radio-Moscou.
                      Vers 1950 - La salle de rédaction

Cet homme, qui depuis quatre ans n'a visé que les émissions allemandes, est un peu perdu. D'ailleurs, il n'est pas question d'abandonner l'écoute de la Radio de Berlin, ni le téléscripteur du Deutsche Nachrichten Dienst, l'Agence d'informations hitlérienne. On est curieux de savoir ce que dira le communiqué de la Wehrmacht en parlant du front occidental.
Bien nous en prend. A onze heures, le téléphone de la rédaction en chef sonne à petits coups nerveux :
- «Allô, dit Pierre Courtade, d'une voix qui éclate de joie de vivre.
Silence. Prolongé. Puis, une voix à l'accent un peu guttural prononce avec un laconisme prudent :
- «Qui est là, s'il-vous-plaît ?
- «Qui voulez-vous, Monsieur ?
- «Vous ne me reconnaissez pas ?
- «Attendez, je vous passe M. Duchenois.
- «Allô, dit Duchenois, méfiant.
Puis il pâlit, couvre le récepteur de sa main libre, et murmure :
- «Merde, c'est le contrôleur de la censure allemande !
- «Qu'est-ce qu'il veut ?
- «Le texte du communiqué officiel allemand.
- «Eh bien ! Mais lis-le lui !
Duchenois s'exécute, d'un ton qui s'affermit peu à peu. A la fin, il est presque naturel.
- «Demande-lui quand il compte venir nous voir !
Duchenois ouvre de nouveau la bouche, mais l'autre dit «Merci» et raccroche.Trois jours durant, deux fois par jour, nous essayerons ainsi, avec l'appât du communiqué allemand, de l'attirer dans nos murs. Mais dès ce dimanche matin, il devait être parfaitement au courant de la situation et ne se laissa jamais tenter, même lorsque Duchenois lui parla de «problèmes compliqués qu'il n'osait aborder au téléphone. En dehors du détachement ultime demeuré à Paris autour du Général von Choltitz, ce censeur discret fut un des derniers Allemands à quitter la capitale, après avoir été le premier client de la nouvelle Agence française !»
 

Les informations étrangères étant assurées, il s'agit d'informer les Parisiens sur ce qui se passe chez eux. Deux aspects au problème: décrire la rue d'abord, dire ce qui se passe dans les quartiers, où il se passe quelque chose, essayer ensuite de faire une somme des résultats, annoncer le montant des stocks de vivres, le nombre de morts et de blessés, la mort des prisonniers, enfin connaître et faire connaître les décisions des autorités de la Résistance, qui partout ont remplacé celles de la collaboration.
Par la fenêtre du bureau où J'e discute avec quelques collègues, nous apercevons soudain un attroupement vociférant et agité de soubresauts : au centre, une fille, le crâne dénudé, traînée, poussée, tiraillée par trois ou quatre individus ricaneurs. C'est une fille qui, paraît-il, a été la maîtresse d'un Allemand. Le spectacle est répugnant. J'ai vu le même et qui m'avait révolté, à Grossenheim, en 1942, alors que j'y étais en captivité : une Allemande les cheveux rasés, comme la Française d'aujourd'hui, était ainsi traînée dans toute la ville, avant d'être jetée en prison, parce qu'elle avait couché avec un prisonnier. C'était une manifestation sauvage, digne de la non-civilisation nazie, un retour au tribalisme barbare.
Pourquoi faut-il qu'en cette journée, la plus belle de mon existence, je sois témoin d'un crime semblable de la part de mes compatriotes ?

 

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Les divers logos de l'AFP au fils des années

 

              

 

 

D'HAVAS A L'AFP   

AU SERVICE DE L'INFORMATION

 

1832 - 1848 : NAISSANCE DE LA PREMIERE AGENCE DE PRESSE INTERNATIONALE

1832 - Charles-Louis HAVAS (1783-1858), financier et commerçant ruiné, mais proche du banquier Ouvrard, ouvre en 1832 un bureau de traductions de journaux étrangers dans l'hôtel de Bullion, rue Jean-Jacques Rousseau à Paris.

1835 - Le bureau de traductions devient "L'Agence des Feuilles Politiques -Correspondance Générale", première agence d'information internationale au monde. Ses activités sont de deux sortes : traductions des journaux étrangers pour les milieux diplomatiques, politiques et journalistiques de Paris, et envoi d'une correspondance, sorte de feuillet relatant les principaux événements et commentaires qui défraient la chronique en France.

1847 - En douze ans, Charles-Louis HAVAS et son agence s'arrogent le quasi monopole de l'information en France. Ce succès est dû essentiellement à une politique qui tourne autour de trois pôles : - large couverture de l'actualité internationale grâce notamment à un réseau de correspondants ; - acharnement à transmettre au plus vite les nouvelles en employant les techniques les plus diverses (malle poste, pigeons voyageurs) et les plus modernes (le télégraphe dès 1845, alors qu'il commence à peine à être mis en place en France) ; - relations privilégiées avec les pouvoirs publics (HAVAS se voit confier en 1838 une correspondance ministérielle destinée aux agents de l'Etat)

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1848 - 1878 : HAVAS, REUTER, WOLFF : LES AGENCES SE PARTAGENT LE MONDE

1848 - L'année des révolutions en Europe, HAVAS accueille et forme ses futurs concurrents, deux Allemands exilés, Paul Julius REUTER et Bernard WOLFF.

1853 - Charles-Guillaume et Auguste HAVAS succèdent à leur père à la tête de l'Agence.

1852 - 1857 - Création d'une branche nouvelle de l'Agence HAVAS, la branche publicité. HAVAS devient la première entreprise à la fois d'information et de publicité, ce "tandem" durera jusqu'en 1940, date à laquelle la branche publicité deviendra une société totalement indépendante en gardant le nom d'HAVAS.

1858 - Mort de Charles-Louis HAVAS.

1859 - REUTER, installé à Londres et WOLFF, établi à Berlin, décident, avec HAVAS, face aux coûts très élevés des transmissions par télégraphe, de s'entendre et de se partager le monde en zones pour la collecte de l'information et sa diffusion. Ce contrat est le premier d'une série, qui prendra fin dans les années 30. 1866 - Pose du câble transatlantique, les nouvelles américaines sont désormais à portée de l'Europe.

1874 - Pose du câble reliant le Brésil à l'Europe.

 

1879 - 1939 : HAVAS : SOCIETE NOUVELLE, HOMMES NOUVEAUX, MOYENS NOUVEAUX

1879 - Retraite d'Auguste HAVAS, il laisse l'entreprise entre les mains de deux jeunes gens, Edouard LEBEY et Henry HOUSSAYE. Fin de la société familiale, HAVAS devient la SOCIETE ANONYME HAVAS.

A partir de 1880 - Début de l'utilisation du téléphone, du téléscripteur, puis de la radio ondes longues, qui révolutionnent les conditions de travail des journalistes. Augmentation du volume des nouvelles grâce à ces moyens de transmission nouveaux et au développement de la presse en France, forte de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.

1914 -1918 - HAVAS connaît des difficultés liées au blocus de l'information. Années 20 - Présidence de Léon RENIER qui développe la branche publicité dont les recettes permettent de renflouer la branche information. Années 30 - Le procédé radio ondes courtes modifie la transmission internationale des nouvelles, provoque la fin de l'alliance des agences, le développement d'agences concurrentes (notamment TASS), et des problèmes financiers pour HAVAS devant les frais d'investissement. Ce dernier problème est réglé en partie par des subventions du Quai d'Orsay désireux de maintenir les correspondants HAVAS à l'étranger. Arrivée de jeunes journalistes comme Maurice SCHUMANN, Louis JOXE. Violente campagne de presse contre le "monopole HAVAS" et démêlés avec le gouvernement BLUM.

 

1940 – 1957 : LA NAISSANCE DE L’AFP ET SON STATUT D’INDEPENDANCE

1er août 1940 - Création à Londres par Paul-Louis Bret de l’Agence française d’Information (AFI). Novembre 1940 - Deux lois instaurent la séparation entre la branche Annonces qui conserve le nom d’Havas et la branche Information qui devient propriété de l’Etat sous le nom d’Office français d’Information (OFI). 15 novembre

1942 – Création à Alger par Paul-Louis Bret de l’Agence « France-Afrique ».

15 mars 1944 - Le gouvernement provisoire crée à Alger l’Agence française de Presse par la fusion de l’AFI et de France-Afrique.

14 avril 1944 - Création sous l’égide du Comité national de la Résistance en France occupée de l’Agence d’Information et de Documentation (AID), clandestine.

20 août 1944 - Huit anciens agenciers ou jeunes journalistes résistants s’emparent de l’immeuble de la place de la Bourse. A 11h30 tombe la dépêche nr 1, en 220 mots, d’une nouvelle agence : « les premiers journaux libres vont paraître, l’Agence française de presse leur adresse aujourd’hui son premier service ». Août 44 - La Résistance crée l’Agence France-Presse par la fusion de l’AFI et de l’AID. Martial Bourgeon est le premier directeur général.

30 septembre 1944 – Une ordonnance entérine l’existence de l’AFP et lui donne un statut provisoire d’Etablissement public.

Janvier 1946 à Septembre 1954 – La direction générale est assurée, avec quelques interruptions, par Maurice Nègre. Le réseau mondial de l’AFP est reconstitué.

4 mars 1953 – Succès international pour l’annonce de la mort de Staline.

28 Septembre 1954 – Jean Marin nommé Directeur général.

10 juin 1955 – Début des travaux de la commission Surleau chargée de préparer un projet de statut.

14 mars 1956 – Dépôt du projet de loi sur le statut.

10 janvier 1957 – Adoption à l’unanimité en seconde lecture du statut de l’AFP par le Parlement. Il lui garantit son indépendance rédactionnelle, son implantation dans le monde et son autonomie financière. Son Président-Directeur général est désormais élu par le Conseil d’administration. L’AFP dispose alors de 25 bureaux en province, 46 à l’étranger, 13 dans les territoires d’Outre-mer. Elle a des correspondants dans 116 pays. Elle distribue dans 73 pays.

 

LE STATUT DE 1957

« Il est créé, sous le nom d' "Agence France-Presse", un organisme autonome doté de la personnalité civile et dont le fonctionnement est assuré suivant les règles commerciales ». « L'Agence France-Presse ne peut en aucune circonstance tenir compte d'influences ou de considérations de nature à compromettre l'exactitude ou l'objectivité de l'information ; elle ne doit en aucune circonstance passer sous le contrôle de droit ou de fait d'un groupement idéologique, politique ou économique ». «Son objectif est de "donner aux usagers français et étrangers, de façon régulière et sans interruption, une information exacte, impartiale et digne de confiance ».

16 avril 1957 – Jean Marin est élu PDG. Il sera réélu tous les trois ans jusqu’en 1975.

 

1957-1975 LES ANNEES JEAN MARIN

1er octobre 1958 – Ouverture du bureau de Pékin.

1er février 1962 – Abonnement de la BBC.

1er janvier 1969 – Début du service en arabe.

Octobre 1969 – Crise aboutissant à la création d’une structure de consultation avec l’intersyndicale. 1er août 1971 – Utilisation des satellites pour les transmissions.

6 septembre 1972 - L’AFP annonce avec une heure d’avance la mort des otages israéliens aux J.O. de Munich. Le 22 novembre suivant accord avec le Washington Post et le Los Angeles Times pour la distribution d’informations AFP aux Etats-Unis.

Octobre 1973 – Le Conseil d’administration décide l’informatisation de la rédaction.

10 avril 1975 – Départ de Jean Marin.

 

1975 - 1986 LA NAISSANCE DE LA PHOTO ET LE DEVELOPPEMENT TECHNIQUE

13 juin 1975 - Attentat qui coûte la vie à Bernard Cabanes, rédacteur en chef, au moment de la crise du Parisien Libéré. Claude Roussel élu PDG.

Novembre 1975 - Accord sur l’informatisation de la rédaction. Le desk latino-américain sera le premier informatisé en mars 1976.

Années 1978 - Héritage de l’ancienne agence de presse l’Agence Havas, le réseau « printing » des informations hippiques desservait  de nombreux cafés de paris et de sa proche banlieue ou l’Agence France Presse avait l’exclusivité de ce service d’information à « temps réel » alors très prisé par les turfistes. D’un fonctionnement devenu avec le temps archaïque, le réseau des printings devait être progressivement remplacé (dans les années 1978) par un service télégraphique sur imprimante siemens T100 avant que la Sté du PMU en prenne elle-même la diffusion des pronostics et résultats hippiques (dans les années 1985), en installant à sa clientèles des bornes interactives. 

29 mai 1978 – Roger Bouzinac élu PDG. 8 octobre 1979 – Henri Pigeat élu PDG.

1er janvier 1981 – Inauguration de la banque de données Agora avec les dépêches AFP.

1er janvier 1982 – Desk informatisé à Hong Kong et création d’une direction régionale Asie-Pacifique.

15 octobre 1984 – Création du service audio.

1er janvier 1985 – Création du service photo international.

Janvier 1986 – Début de la diffusion de services AFP par Minitel. Création de la filiale Polycom et mise en place du réseau de diffusion par satellites. 8 juillet 1986 – Plan de redressement présenté par Henri Pigeat : 300 licenciements. Grève de protestation de quatre jours. Décembre 1986 – Grève de huit jours. Henri Pigeat démissionne le 18 décembre.

 

1987 - 1999 LA DIVERSIFICATION ET LE NOUVEAU MONDE DE L’INFORMATION

22 janvier 1987 – Jean-Louis Guillaud élu PDG.

30 décembre 1987 – Inauguration du centre régional de Nicosie où est transféré le desk arabe du Caire.

27 septembre 1988 – L’AFP annonce la disqualification de Ben Johnson aux J.O. de Séoul avec deux heures d’avance.

1er octobre 1988 – Création du service infographie.

26 janvier 1990 – Claude Moisy élu PDG.

4 février 1991 – Lancement de la filiale économique en anglais AFX News.

15 novembre 1991 – Le chiffre d’affaires dépasse le milliard de Francs, la part de l’Etat tombe en dessous de 50%.

Janvier 1993 – L’AFP est entièrement numérisée.

1er Février 1993 – Lionel Fleury élu PDG. L’accent est mis sur le développement de la production anglophone. Avril 1995 – Lancement d’AFP-Direct, permettant la diffusion individualisée des services AFP.

Septembre 1995 – L’AFP rompt son accord avec AP de fourniture d’informations américaines et met en place un réseau autonome de collecte aux Etats-Unis.

Décembre 1995 - Ouverture du premier site « vitrine » de l’AFP sur l’internet

3 Février 1996 – Jean Miot élu PDG.

Juillet 1996 – Premier journal internet en français de l’AFP.

Septembre 1996 - L'AFP fournit un journal d'informations télévisées à la chaîne Bloomberg.

Décembre 1997 : ouverture du desk régional hispanophone de Montevideo.

9 Mars 1999 – Eric Giuily élu PDG.

Deuxième semestre 1999 – Lancement des journaux internet en anglais et espagnol. Un journal en portugais est lancé début 2000.

Février 2000 – L’AFP lance un journal interactif d’informations (texte et photo) sur le bouquet numérique de télévisions TPS.

Eté 2000 – Lancement des infographies animées.

11 octobre 2000 - Bertrand Eveno élu PDG de l'Agence France-Presse

Octobre 2000 - Lancement d'un journal multimédia en chinois avec l'Agence CNA de Taiwan.

Ete 2001 - Lancement d'un service de production vidéo pour le web.

Octobre 2001 - Le succès du livre "L'Agence" illustre l'audience croissante du service photo mondial. Novembre 2001 - Lancement du service en italien RITA.

Mars 2002 - Les photos sportives de l'AFP apparaissent sur les téléphones mobiles japonais de la 3eme génération.

 

 

 Juillet 2019 - Le siège de l'AFP reste au cœur de Paris : Son conseil d'administration a définitivement écarté le 2 juillet 2019 l'hypothèse d'une cession de son siège historique (nb) situé en plein centre de la capitale, construit à partir des années 1965 sur le site de l'ex Agence Havas.

(nb) Une cession qui était à l'étude depuis 2018 en vue de dégager des fonds : (Notre information du 18 juillet 2018: l'AFP pourrait vendre son siège historique)

 

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     Les dirigeants de l’AFP     

 Fin août 1944: création de l'Agence France-Presse

De 1944 à 1957 le titre des dirigeants de l'AFP était: Directeur général.

En 1957,  avec le vote du statut au parlement, le président est élu pour une durée de trois ans renouvelables par le conseil d'administration avec le titre de Président-Directeur général.


Les Directeurs Généraux de 1944 à 1957:

  • Martial Bourgeon: d'août 1944 à avril 1945

  • François Crucy: avril 1945 à janvier 1946

  • Maurice Nègre: janvier 1946 à juin 1947

  • Paul-Louis Bret: Juin 1947 à février 1950

  • Maurice Nègre: février 1950 à février 1952

  • Jacques Lucius, directeur général, remplace Maurice Nègre suspendu pendant un mois.

  • Maurice Nègre: mars 1952 à septembre 1954

  • - Jean Marin: de septembre 1954 au 10 janvier 1957: directeur général


Les Présidents-Directeurs Généraux. de 1957 à nos jours (
avec des bios proposées via Wikipédia)

 

 

 

 

 

 

 

Souvenirs ...Souvenirs...

Les chroniques des années 1980 à 2003 de « LA VIE de la maison » à « l’Agence - Le Magazine » ; Une reprise d’articles de ces revues parues épisodiquement à l'AFP des années 1980 aux années 2003 laissant paraitre avec le temps passé, la grande métamorphose de l’ "Agence".  

 

 

 

 

Année 1974

- Les photographes de paris et de province réunis en 1974 par la direction photo pour une réunion de travail annuelle place de la Bourse 

 

 

Année 1996

  - Quelques souvenirs d'hier et d'avant-hier - Antenne AFP d'octobre 1996 (Bernard Durègne Directeur Technique )

  -  Le service du magasin - Antenne AFP de 1980 (Jacques Bronsard  1996 (P Baert) 2003 (P Fontaine)   d)

 

Année 1981

  - Les Ecoutes Phonie - Antenne AFP de 1981 (Jean Teillet  )

 

Année 1980

   - Le Desk Sport - Antenne AFP de 1980 (Yves Montredon)

     - Le service Juridique et du Contentieux - Antenne AFP de mai 1980 (Denise Defraigne)

 

 

 

 

 

Liens extérieurs / articles complémentaires proposés :

-   "Le Statut de la Liberté" : comment la loi sur le statut de l'AFP fut adoptée en 1956   http://www.sos-afp.org/fr/documents/huteau_ullmann

 -   Galerie de 25 cartes postales datant des années 1910 illustrant les deux branches de havas  http://leonc.free.fr/havas/target20.html

 -   Du télégraphe morse de 1889 au téléscripteur sagem  de 1952  http://www.abp45.com/pages/electrique/telegraphes-enregistreurs.html

 -   Du Bélinographe à la Téléphotographie

 -   La Photo AFP de 1949 à 1984  (Document d'archives de G Leroux)

-      Interview de Nouaillas Michel, Directeur du service Photo de l'AFP durant des dizaines d'années (portrait  de 2017 du journal La Montagne)

 -     Pas de concession à la vitesse  (Affirmation en 2012, du PDG de l'Agence France-Presse, Emmanuel Hoog, lors d'une conférence de presse à Montréal

 -     l'AFP au cœur de la tourmente de mai 68 (Reprise d'un document de SUD AFP de 1992 avec des extraits du livre "AFP une histoire de l'Agence France Presse 1944-1990" de Jean Huteau/Bernard Ullmann)

  La guerre d'Algérie, couverte par l'AFP au "Maghreb Circus" le Témoin: Leleu Michel par Nejma Brahim du "Le Courrier de l'Atlas " (Juillet 2018)

-    L'AFP une entreprise unique, des origines à l'histoire de son statut  d'exception 1832-2015 par Jade Azzoug  (Avril 2020)

 

 

Livres sur l'AFP

 

" AFP , les survivants de l'information "  (parution de 2009 de Jacques Thomet)

" Insolite 4 l'Afp et moi "   (parution 2009 de Claude Auber )

" Les secrets de l'Opération Bétancourt "  (parution 2009 de Jacques Thomet

" AFP une histoire de l'Agence France Presse 1944-1990 " (parution 1992 de Jean Huteau/Bernard Ullmann  -  Edition: Bernard Laffont)

" Le Monde en direct "  ( parution en 2014 pour les 70 ans de l'AFP de Xavier Baron avec l'AFP- Edition La découverte )

 

 

 

 

Recueil des documents et mise en ligne R. Heinrich - Réactualisation 2020 - Contact technique du site:  information@amicaleafp.fr