Un Paradis à en perdre son latin 

Il n’était pas certain qu’on y arrive !

Depuis plus d’un mois les anciens de l’AFP (Amateurs de la Fesse Pailletée) ne cessaient de répéter  .....

 

On ira tous au Paradis, mêm' moi,

Qu'on soit béni, qu'on soit maudit, on ira

Avec nos femmes, nos hommes, nos amis

Main dans la main ou s’tenant l’bras

A pied, en métro, en train, au Paradis on ira

Cette obstination que nous avions, ce jour là, à vouloir gagner l’Olympe était préférable, vous en conviendrez, à : "Les vieux au boulot, les jeunes au bistro ?" ou encore " La guerre sociale est déclarée, avec Facebook les jeunes vont la gagner ! ".

Sacrebleu ! Sans être dur de la feuille, il peut y avoir, pour nous, confusion. « Facebook … Facebouc » se rapproche étrangement de « face de bouc ». Certains de nos amis ont pris peur et dès potron-minet, afin d’éviter une quelconque ressemblance avec l’ami Pan, se sont limés les cornes, rasé la barbe et planqué la queue, le plus dur étant la dissimulation du pied.

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Nous sommes donc arrivés devant le fameux Paradis Latin, ce Cabaret reconstruit par notre Gustave. Etrangement, il se situe rue du Cardinal Lemoine. Nous réalisons que le pauvre homme doit-être au supplice depuis belles burettes, sa plaque de rue étant à la croisée de la rue des Ecoles et à deux pas de notre lieu de plaisirs variés. L’habit ne faisant pas le moine, entre le string et la burka,  l’on ne sait plus, à notre époque, à quels seins se vouer. 

A l’heure dite il n’y avait pas encore foule. Rassemblés, nos 45 amicalistes, après de joyeuses retrouvailles, des échanges de bons vœux et une distribution de bises, ont attendu patiemment l’arrivée de Saint-Pierre avec l’espoir secret d’une place au milieu des étoiles à la droite de Dieu.

Les portes s’étant ouvertes, laissant nos encombrants au vestiaire et après une volée de marches nous promettant le ciel nous sommes arrivés, assez curieusement, au purgatoire. Une jolie salle à l’éclairage tamisé dans laquelle étaient délicieusement dressées de nombreuses tables entourées de chaises invitant chacun à y poser son séant. Petite bouteille de champ’ dans seau rafraichissant et pichtegorne de bon cru avaient été posés délicatement par Bacchus, dieu de la débauche, qui dans un coin sombre de la salle nous observait goguenard.

Le diable n’était pas loin. Nous avons été surpris par un défilé de croupes animalières des plus tentantes auxquelles nul ne pouvait toucher de peur du courroux divin. Passant et repassant elles vinrent se frôler à certains privilégiés faisant d’eux des chanceux jalousement repérés. Quant aux autres spectateurs, ils n’eurent pour toute satisfaction que celle de faire des photos et promirent, à qui voulait l’entendre, la sortie de leur petit oiseau. Les serveurs, tantôt en salle, tantôt sur scène pour amuser la galerie, s’empressaient et, d’après le principe des vases communicants, tandis que le lieu se remplissait nos verres tout doucement se vidaient. La talentueuse et jolie diva qui tentait de sa belle voix de dépasser le bruit des râteliers et des langues bien pendues nous tint compagnie jusqu’au dessert et disparue sous un tonnerre d’applaudissements.

Au cours de notre bien agréable déjeuner, la salle devenue chaude comme des braises, la pensée me vint que nous étions peut-être à deux pas de l’antre du malin. Brutalement nous fûmes plongés dans un noir total, le silence se fit entendre et dans un bruit d’enfer la lumière fut. En un éclair nous avions devant nous tous les anges du Paradis.

Joyeux et attentifs nous assistons à une multitude de tableaux. Ah ! qu’ils sont mignons, qu’ils sont beaux, qu’ils sont jolis les tétons de Paris. Enveloppés dans la plume et enrubannés de strass c’est un cadeau des cieux. Dans la salle les messieurs n’en perdent pas une miette et les dames dévorent ces boys aux corps beaux comme l’antique, à la fesse rebondie et aux abdos de rêves. C’est rapide, amusant, glamour, original, dynamique. De la technologie nouvelle, des projections en 3D, un mélange de musiques classiques et modernes font que notre Kamel Ouali apporte au spectacle un je ne sais quoi d’encore jamais vu.

Dans ce jardin d’Eden où les Apollons musclés à souhait font tournoyer les Vénus des temps modernes, Iris, Oiseau de Paradis, messagère des Dieux éternels, Reine de l’Univers, déesse de la beauté et de la séduction, appât parmi les appâts pour attraper le gogo, a joué, une fois de plus, les ectoplasmes.  Les quelques 500 personnes présentes accourues tous azimuts, à tous crins, envers et contre tous et qui rêvaient depuis des mois de la contempler ce sont contentées de la vraie de vrai et talentueuse meneuse de cette revue, Solen Shawen, artiste aux mille facettes et au grand talent.

On rit, on s'éclate, on savoure, on s’étonne. Les tenues sont parfois psychédéliques. Le french cancan, comme un feu d’artifice, nous fait découvrir de charmants pétards joliment culottés. N’oublions pas les attractions internationales, magnifiques, qui ont interpellé la salle par leur originalité et qui ont été grandement applaudies.

Et voilà, ça y est ! Le rideau est tombé sous le poids des applaudissements, la messe est dite. Il nous faut lever le siège. La jeunesse des corps virevoltants nous a fait oublier, pour un temps, la raideur des nôtres. 

Ce fut un inoubliable spectacle au-dessus de nos attentes. De retour à la réalité et comme pour Cendrillon, le carrosse est redevenu citrouille, les cornes commencent à repousser, la queue se déploie, les pieds redeviennent crochus et la canne se transformera bientôt en fourche. Il faut rentrer sans tarder. Le cabaret se vide, cougars et satyres s’évanouissent dans la nuit alors que d’autres, l’âme pure gavée de féeries s’attardent encore un moment.

Cette belle journée nous la devons au bureau de notre Amicale. Mille mercis pour ces heures de rêve que nous emportons avec nous et meilleurs vœux pour une année 2020 pleinement réussie.

 

... (Danielle Leroux)